Little lies

True colors

Feat. Falin Touden - Dungeon Meshi

Physique : Norma dirait, parlait d'elle : "Si vous me rencontriez, vous m'aimeriez. J'ai le genre de sourire fréquent dans les séries télé, mais rare dans la vrai vie."

Norma est l'illustration même de l'Alpha à la force tranquille, le geste lent et précautionneux, la voix grave et douce à la fois, adornée d'un sourire qu'elle brandit souvent en égide face aux autres. Un sourire qui ne signifie pas grand chose à part renvoyer l'image exigée pour faire bonne figure, dépeignant à lui-même toute la sociabilité à deux vitesses de l'Alpha. Elle ressemble à toutes ces belle-filles idéales, à des yuppies trop sociables pour être honnêtes bien propres sur elleux ; un flegme très midian la caractérise. A son contact, les gens les plus influençables face aux attitudes, aux ambiances ou aux odeurs se sentent souvent en sécurité car il semble sourdre de la quadragénaire une aura rassurante de stabilité et de calme. D'autres peuvent être mal à l'aise face à son apparent retrait émotionnel et sourire poli simplement là pour le décorum, la voyant comme ce qu'elle est : une personne dissimulée, captieuse, aux attitudes maîtrisées.

Son teint diaphane s'accord avec le platine de ses cheveux blonds coupés au carré sans trop de recherche, suivant le reste de son apparence modeste. La quadragénaire se vêt sans ostentation de chemise sans motifs et de pantalons à pinces ou de jeans avec des mocassins bien cirés ou des baskets pour plus d'aise, lui donnant l'allure cliché d'un professeur avec sa veste en tweed et son pull qui laisse ressortir le col de chemise. Le motif animalesque de la chouette harfang se retrouve dans l'opposition entre la pâleur de sa peau et de ses cheveux et le jaune vif de ses yeux d'oiseau de proie, aux pupilles très mobiles. Quand ils ne sont pas cachés derrière ses lunettes, ses yeux sont toujours un peu plissés pour regarder ses interlocuteur‧ices, voire presque totalement fermés, la faute à une sévère hypermétropie (elle ne voit presque rien de près, mais extrêmement bien de loin et en mouvement, comme les chouettes). Son visage est rond, la bouche large aux lèvres fines, le nez un peu épaté ; elle rosit facilement sous l'effort ou simplement quand elle est surprise. Pour le reste, la Chouette ne rougit jamais ni de gêne, ni de plaisir : elle maîtrise ses émotions. Cependant, quand elle ressent de la colère ou de la tristesse et malgré le fait qu’elle sache se contenir, l'odeur des phéromones de Norma vire de la résine de pin à quelque chose qui prend encore plus à la gorge, se rapprochant de la fragrance de la térébenthine.

Norma est imposante, statuesque. Mesurant deux mètres quinze, la quadragénaire dépasse sans effort une grande partie des Alphas des deux sexes, endomorphe poids lourd pesant plus de cent vingt kilos, à l'ossature forte. Guère très intéressée par les activités sportives hormis le golf le dimanche avec ses connaissances du Country Club, elle accepte fort bien le fait d'avoir un peu de ventre et d'avoir forci avec l'âge. Vigoureuse, naturellement puissante avec un dos en V et des cuisses et des bras épais, Norma respire la santé et la force malgré le fait qu'elle ait embrassé une carrière de savoir qui la plonge le plus souvent dans l'étude, assise pendant des heures. Sa complexion solide la rend très capable aux tâches demandant beaucoup d'endurance et de résilience, travaillant souvent au delà de son seuil de fatigue. Son charisme repose tout à la fois sur cette carrure imposante contrebalancée par la douceur de sa voix posée, fort peu prolixe mais attentive aux autres, et par ses indéniables bonnes manières. Aînesse d'une famille de la haute noblesse midianne, la dureté de son éducation se ressent dans tous ses gestes et ses dires, jusque dans ses veines ; il serait difficile de la croire élevée dans un autre milieu.

On peut cependant être surpris par un détail plutôt étrange chez elle : Norma a des plumes blanches sur le torse, créant un gorgerin semblable à celui de son Anima. Il ne s'agit là que d'une extravagance de sa part, loin d'être une Chimère. La quadragénaire maîtrise en effet assez son Anima pour transformer partiellement une zone de son corps. Mais la raison pour laquelle elle orne sa poitrine de plumes tient en réalité plus du trouble nerveux que de la maîtrise de son animal intérieur, issu de manques durant son enfance et d'un événement récent qui lui retira une partie de son inflexibilité présumée. Elle est également née avec un membre incapable de se rétracter et des testicules - ainsi que la capacité de nouer - ce qui a fait que ses parents se sont fourvoyés sur son sexe de naissance et l'ont appelée Norman John jusqu'à ce que les premiers caractéristiques sexuelles secondaires n’apparaissent pour contredire l'assignation de naissance. Ils ont alors tout fait pour féminiser ses prénoms mais ne son père ne parvint jamais à l'accepter telle qu'elle était ; cette différence a longtemps été une source de honte et de complexe lorsqu'elle était jeune mais aujourd'hui Norma a appris, en dépassant à quarantaine, à s'accepter et à s'apprécier bien qu'il demeure chez elle un certain rejet de la binarité. Elle ne se sent pas vraiment femme, mais pas homme du tout, et ne sait pas mettre de mot sur cette expression de genre car ayant éduquée à la vieille école.

Caractère : De la chouette qui partage son âme, Norma a hérité de nombre de traits pour bâtir sa personnalité. La Chouette Blanche symbolise en général la sagesse couplée à une certaine recherche de la vérité pure ; chercher la vérité pour la vérité seule, et apprendre à voir au delà des évidences. De fait, la quadragénaire est quelqu'un de pragmatique et de très lucide. Son tempérament cartésien fait reposer sa personnalité sur l'analyse rigoureuse des choses et des gens et un tempérament prudent, discret. Elle observe, elle déduit, concentrée sur son environnement et sur le contexte qui l'entoure, vigilante à tout ce qui se passe autour d'elle comme tout oiseau de proie. Rien n'est fait sans être pesé et réfléchi et Norma n'est pas du genre à agir sur des coups de tête. C'est même tout le contraire, ce qui peut donner le sentiment qu'elle se montre passive dans ses échanges avec les autres bien que ce ne soit qu'une apparence.

La Chouette est en effet plutôt décisionnaire, habituée à prendre des décisions pour autrui, considérant les choses sous l'angle le plus pragmatique possible. Le fait qu'elle prenne toujours le temps d'écouter ses interlocuteur‧ices n'est en réalité du qu'au fait qu'elle aime avoir toutes les informations en main, pas qu'elle se soucie des états d'âme d'autrui. C'est la nuance qui la définit : prendre le temps de comprendre, de rassurer, de reformuler. Elle est, sous ses airs de nounours souriant, un redoutable caméléon social puisque ce qui l'intéresse réellement c'est de plaire aux autres en apprenant ce dont iels ont besoin et ce qui les met en confiance. Toute son enfance a été bâtie sur l'idée qu'il est important d'être apprécié et admiré de ses pairs pour s'accomplir dans la vie. La patience est un de ses atouts mais Norma peut aussi bien la diriger vers des choses constructives que sur de la séduction ou de la manipulation à ses heures perdues. Il lui arrive de se montrer quelque peu condescendante voire paternaliste avec les autres ; son mépris est le plus souvent silencieux et s'exprime par l'ignorance, l'évitement tantôt poli, tantôt particulièrement autoritaire. Norma aime contrôler son environnement pour qu'il ne la surprenne pas, et a tendance à se montrer sur la défensive avec les individus extravertis ou sans gêne qui prennent trop de place à son goût ; elle ne s'entend pas avec les gens qui comme elle recherchent à se faire apprécier et admirer par leurs pairs. La Chouette infantilise volontairement les personnes qu'elle n'apprécie pas pour les mettre mal à l'aise ou les agacer sans avoir l'air de s'opposer directement à elleux.

Elle aime la recherche, l'analyse, dans un contexte de calme et de tranquillité. Tout ce qui est original et d'avant-garde l'attire. Le domaine sentimental n'est pas toujours simple pour elle car, souvent déconcertante, la blonde tend à réprimer fortement ses sentiments et passe souvent pour beaucoup plus insensible et froide qu'elle ne l'est en réalité. Il ne faut pas croire néanmoins que Norma soit asociale et passe sa vie dans les livres ou les études. Elle apparaît chaleureuse, communicative, surtout quand un sujet la passionne, et recherche les contacts et l'attention des autres, charmante en diable. Tout en demeurant quelque peu réservée, et en cherchant à préserver son individualité et son intimité, elle sait néanmoins être sociable. Ses connaissances pourront l'attester : sa séduction est certaine, et elle est sympathique. Elle a des facilités d'expression, aiment échanger avec les autres, tout en sauvegardant son jardin secret.

Sceptique et rationnelle dans l'âme, la quadragénaire est encline à se poser des questions sur les grands ou les petits problèmes de l'existence, car son grand défaut est une insatiable curiosité. Curieuse est-elle du passé de ce monde et de ses secrets, curieuse des gens, de leurs manières d'aborder les choses. Ce besoin de savoir (dérivé d'un besoin de contrôler la rend parfois agaçante ou carrément indiscrète - toujours dans un seul sens, bien sûr. Savoir, comprendre, contrôler son environnement est petit à petit devenu une obsession pour Norma, expression de son stress post-traumatique. Quand elle se sent menacée, la Chouette s'en remet presque toujours au schéma passif-agressif ou à la manipulation douce sur un ton paternaliste. La quadragénaire est en général calme et concentrée mais gère moins bien la frustration que l'hostilité et commet des erreurs de jugements quand elle se sent déçue, aliénée ou encore mise à l'écart. La frustration l'angoisse, la tend et la rend vulnérable. C'est justement cela qui l’entraîne dans une spirale de contrôle d'autrui, craignant de devenir à son tour victime des autres. Pour cette raison, Norma ne croit ni en la sincérité, ni en l'altruisme. Elle ne croit ni en la foi, ni en la Fatalité, ni en quelqu'entité divine ou supérieure. Ce dont elle est persuadée en revanche, pour l'avoir constaté de ses propres yeux et ressenti dans ses tripes, c'est à la présence omniprésente, omnipotente de ce que les autochtones avaient surnommé La Chose à venir dans le Ciel de la Nuit, et qu'elle-même et ses amis d'enfance nomment la Présence sur le Seuil...

Wasted years

- Quiet ressource ♫

Le comte et la comtesse de Kingston eurent un premier enfant, il y a plus d'une quarantaine d'années. Ils l’accueillirent au sein de la très vieille famille noble Tillinghast, offrant ainsi un héritier à leur lignée. Conformément à la tradition, le médecin qui l'accoucha releva son sexe à ses parents : c'était un petit garçon, d'après ses organes sexuels extérieurs. On l’appela Norman John, le destinant à de grandes choses. Ses premières années de vie furent sans heurt ; Norman était un enfant curieux et bavard, qui aimait poser des questions qui ne trouvaient pas de réponses. Tout éveillait en lui le frisson de l'envie de savoir. C'était un bon élève, studieux et discret, toujours prêt à apprendre de ses précepteurs. Il brûlait du désir ordinaire de capter le regard de ses parents, de leur plaire, d'être l'enfant modèle dont ils rêveraient, d'être un parangon de bonne manière, de savoir, d'élégance pour devenir une fois adulte un noble digne de ce nom.

Les premiers pas dans la préadolescence de Norman lui occasionnèrent un profond traumatisme, qui ne le quitterait plus jamais. A l'âge où ses frères commencèrent devenir des hommes, Norman poussa presque exponentiellement, dépassant d'un coup toute la famille. Ses hanches s'élargirent, et il prit beaucoup de poids ; son adelphie se moqua de lui. On disait qu'il était "le gros de la famille", ce qu'il eut du mal à vivre. L'adolescence était une période ingrate pour tout les jeunes gens. Mais Norman découvrit avec angoisse que sa poitrine commençait à pousser. Il mit dans un premier temps cela sur le compte de son poids mais ça ne semblait pas aussi simple : ses traits étaient indéniablement féminins malgré le fait que le médecin qui l'avait mis au monde l'avait assigné garçon à la naissance en se référant à l'allure de ses organes génitaux. Mais rien chez Norman n'était masculin, dans son apparence : l'adolescence lui céda une lourde poitrine et de larges hanches, un visage rond un peu poupin et de grands yeux jaunes frangés de longs cils clairs. Ses parents firent des pieds et des mains pour faire changer son identité et ses prénoms. Norman John devint Norma Jean. Les médecins estimèrent qu'elle était une femelle Alpha tout ce qu'il y avait de plus "normale", lui diagnostiquant simplement une impossibilité de rétracter son membre érectile. De son intersexualisation, on fit ensuite un sujet tabou dont la famille ne parla plus jamais, laissant la jeune fille se dépatouiller seule avec son identité, son sexe, son genre.

Norma perdit sa mère d'un cancer quand elle eut quinze ans, et son père devenu très froid à son endroit décida de se débarrasser d'elle en l'envoyant au pensionnat Bramford à Kingston Fall, à l'extérieur de la ville. Norma eut beau lui écrire des lettres, ce dernier ne lui répondit jamais ; il n'avait simplement plus aucun intérêt pour son aînesse. Au pensionnat, la jeune fille se trouva rapidement isolée. Son apparence qu(elle jugeait ingrate en raison de son poids, sa taille de géante et sa réserve la mirent en marge du microcosme des pensionnaires composé de l'élite des Alphas des familles nobles. Faisant encore le deuil de sa mère (et métaphoriquement de son père) et de son ancienne identité, elle n'était pas à l'aise avec les autres et subit leurs moqueries pendant quelques temps, jusqu'à ce qu'elle se lie d'amitié avec un pensionnaire de son âge répondant au prénom d'Anthony. Tous les deux sont bons élèves, relativement discrets, appréciant de fourrer leur nez un peu partout. Anthony la présentera bientôt à d'autres jeunes garçons répondant aux noms de Colin, Benedict et Gregory. Ensemble, ils fondèrent un petit club secret dédié aux discussions concernant les sciences et la philosophie : le Cercle des Oiseaux, car chaque membre - bien étrangement) avait l'Anima d'un oiseau prédateur.  Le président du club était Anthony, assisté de Norma. Les membres passaient des nuits entières à lire et disserter, faisant le mur pour se cacher dans une grotte non loin du pensionnat.

Anthony avait, tout comme Norma, perdu un de ses parents. Son père, dans son cas. Un archéologue peu connu, qui lui avait cédé ses notes qu'il avait ramené à ses amis pour découvrir les recherches de son paternel et d'apprendre à mieux le connaître. Ces notes contenait une sorte de rituel en Vieux-Thérian auquel se risquèrent les jeunes gens. Au terme de ce dernier, ils regardèrent dans l'abyme... et l'abyme les fixa en retour. S'il ne se passa globalement rien, les cinq jeunes gens furent hantés pour toujours par l'image de ce qui semblait être une immense paire d'yeux qui les regardait. Après cela, ils ressentirent régulièrement une présence glaçante dans leur dos, un souffle contre leur nuque, un œil immatériel posé sur eux. La sensation qu'on les observait ne la quitta plus, virant à la paranoïa pour certains d'entre eux. Gregory ne put continuer les études et fut interné à l'asile de Juniper Hill, où il séjourne encore et pour les restants de ses jours. Le cercle se brisa alors, et après avoir passé leur diplôme, ceux qui restaient se séparèrent et partirent chacun dans des directions différentes. Ils se promirent cependant de ne jamais relever ce qu'ils avaient vu ce jour-là. De toute façon, qui les croirait ? Chacun craignait aussi que d'en parler continue à attirer sur eux l'attention de celui qu'ils finirent pas surnommer la Présence sur le Seuil.

Après un séjour bienvenu de quelques semaines dans l'espace sanatorium de l'asile de Juniper Hill, Norma se remit petit à petit. Elle put intégrer l'université Miskatonic grâce a ses excellentes notes et son statut d'honor student de Bramford, excellente élève avec de très bonnes appréciation. L'angoisse, sans vraiment la quitter, s'atténua de mois en mois alors qu'elle se dédia à l'étude de l'histoire et des sciences humaines, ainsi que des langues mortes. Mais l'obsession de Norma ne disparut pas. Elle trouva des occurrence de la Présence dans des précis sur les Premières Nations, qui l’appelaient La Chose à venir dans le Ciel de la Nuit. Elle se spécialisa dans l'histoire ancienne, dans l'études des religions pré-Vitruvius et écrit son mémoire dessus. Son diplôme en poche, la jeune femme postula à l'université et devint officiellement enseignante-chercheuse. Sa famille la maria alors au fiancé Oméga qu'on lui avait assigné quand elle était encore enfant et de leur mariage sans amour naquit quatre enfants, trois Alphas et un Oméga, son mari perdant le cinquième durant une fausse couche. Norma n'eut jamais vraiment la fibre ni maternelle, ni paternelle, obsédée par ses recherches, dédiée à son travail. L'entente était cordiale avec son mari, et elle prenait soin des enfants et de lui. Mais il y avait un évident manque de chaleur chez elle. Peut-être était-ce le manque d'amour qu'elle reçut de son père, la mort prématurée de sa mère, ou le fait que son premier amour, Anthony, à qui elle n'était jamais parvenu à rien avouer car ils étaient tous deux Alphas, avait quitté sa vie avec la fin de l’époque de Bramford. Elle n'était pas souvent au domicile familial, tantôt partie chapeauter des fouilles ou des excursions, tantôt occupée avec ses cours... et ses recherches moins avouables sur la Présence, qu'elle continuait en secret.

Le divorce n'étonna personne, lorsque les enfants furent adultes. Norma acheta une maison sur Weatherly Drive où elle habita seule avec une seule aide-ménagère. Sans dire que son ex-mari et ses enfants lui tournèrent le dos, ou qu'elle-même le ne fit, les liens qui les avaient unis se dénouèrent d'années en années. La trentaine défila à une vitesse éclair et l'Alpha se retrouva bien vite quadragénaire, plusieurs livres  primés à son actif, un avertissement poli du culte de Vitruvius quant à ses recherches sur les croyances de la Première Nations concernant les Anciennes Divinités, et un trouble de stress post-traumatique mal suivi qui creusa en elle non pas la paranoïa comme son ami Gregory, mais une obsession délétère. Elle voulait savoir ce qu'elle avait vu ce soir-là, ce qui l'avait vu en retour,s avoir si tout simplement elle n'était pas folle comme Gregory. Savoir ce qui existait avant que le soit-disant Père-de-Tout ne sépare le thérian de l'animal. La crise de la quarantaine la gifla de l'impression de n'avoir rien accompli, d'avoir dédié sa vie à un emploi-passion qui la laisserait exsangue, de toujours frôler la Vérité sans jamais la comprendre, ni même l'atteindre. Elle eut quelques aventures, principalement brève pour se persuader qu'elle plaisait toujours. Cela l'apaisa un temps, jusqu'à ce que le passé ne la rattrape à nouveau.

Un courrier de Benedict lui annonça du décès de son ami et premier amour Anthony qui, par sa volonté testamentaire, lui laissait les notes de recherches de son père. Pourquoi lui léguait-il cela ? Norma assista aux funérailles, le cœur brisé. Anthony s'était en effet suicidé, laissant derrière lui conjoint et enfants. L'obsession la reprit aux tripes, vivace comme jamais. Il lui fallait comprendre ce qui avait poussé son ami à mettre fin à sa propre vie, si tard après leur rituel quand ils étaient encore au pensionnat, pour parvenir à faire le deuil. Anthony avait-il continuer ses recherches ? Qu'avait-il trouvé ? Elle se promit d'enquêter quand elle en aurait le temps, d'aller voir le veuf de son ami, de retourner à Bramford pour découvrir la vérité... même si cela voulait éventuellement dire ressentir à nouveau le regard distant de cette immense paire d'yeux dans les ténèbres, qui finalement n'avait peut-être jamais quitté son dos...

Close to me