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Gladys Artwood
Lun 14 Oct 2024 - 12:51
Lun 14 Oct 2024 - 12:51
cw : harcèlement de rue, gaslight, trauma, crise de panique (implicite)
le chapeau sans visage
La pluie battait son plein, aussi incessante qu’irritante. L’humidité ambiante rendait les déplacements désagréables : les manteaux collaient à la peau, les cheveux se faisaient rebelles, les flaques d’eau infiltraient les chaussures. Les talons carrés de madame Artwood eux-mêmes étaient simple mais fort peu étanches. Elle peut sentir ses pieds patauger sur la semelle imbibée avec cette sensation affreuse lui donnant envie de jeter ses chaussures au travers d’une baie vitrée. Son parapluie noir surplombant sa coiffure parfaite restait aussi droit que possible dans l’agression torrentiel du ciel sur la pauvre mère. Son humeur, déjà exécrable, ne s’améliorait que très peu avec le café évidemment refroidi par les intempéries entre ses doigts gantés.
La journée ne faisait que commencer, pourtant. Le manteau long de la dame couvrait la majeure partie de sa tenue de l’averse mais laissait dépasser ses collants et ces fameuses chaussures aux talons carrés hauts d’à peine cinq centimètres. Malgré la pluie, le bruit de ses pas restait très satisfaisant à son oreille et elle se félicita de ne pas avoir jeté son dévolu sur les escarpins avant de quitter son nid. Un coup d’œil à sa montre au creux de son poignet lui offrit cependant un vent de chaleur et de tranquillité, elle restait en avance et n’avait nullement besoin de se dépêcher. Un véritable soulagement alors que son pas ralentis quelque peu pour qu’elle puisse reprendre son souffle. Transformant sa modeste course (un trot, tout au plus) en une marche certes décidée, mais bien plus agréable. C’est lorsqu’elle s’arrêta un instant pour replacer son sac à main sur son épaule qu’elle le vit.
Un homme relativement fin se tenait sous la pluie, les mains dans les poches de son pantalon. Elle ne voyait pas son visage à cause de son chapeau noir (un borsalino, à ce qui lui semblait) lui tombant légèrement sur les yeux et plongeant sa face dans une sorte de pénombre. Sa stature n’était pas bien impressionnante, mais elle se souvenait de ce chapeau et de ce jean bleu délavé. L’homme attendait devant le café ou elle s’arrêtait le matin, fumant une cigarette sous un abribus. Peut-être avait-il eu un problème avec son bus, c’est du moins ce qu’elle aurait pu penser (se convaincre) si l’homme ne s’était pas arrêté dès qu’elle se fut immobilisée pour replacer son sac, tenir son parapluie et son café tout à la fois.
Elle sait désormais que l’homme la suit.
Elle reprend sa marche, pressant à nouveau le pas alors qu’elle emprunte la rue opposée de celle menant à son travail sans essayer de regarder derrière elle. Elle souffle, se force à prendre une gorgée de café pour avoir la plus naturelle possible. C’est tiède. la pensée s’infiltre dans sa tête comme une surprise, malgré elle. Elle croise une porte d’immeuble ouverte dont le cœur de verre reflétait assez bien son entourage pour s’assurer de la présence de son poursuivant. Le borsalino était toujours là, bien qu’un peu plus loin. Elle sentit ses mains se mettre à trembler et les larmes lui venir. Obligée de lutter contre son envie de se retourner et de l’attaquer. Avec quelle arme ? Elle ne savait même pas s’il en avait une. La panique commençait à l’empêcher de penser alors l’instinct prit en partie le dessus : elle prit la direction du temple le plus proche, visible malgré les bâtisses alentours.
Pendant ce temps, sa paranoïa célèbre l’évènement. Des scénarios s’enchainent, se déroulant avec une précision meurtrière devant ses yeux au même moment ou elle tourne au coin de la rue. Elle s’imagine déjà poignardée, là, dans le dos. Elle se voit emmenée dans une voiture qui s’arrête juste devant elle ou pire… La Chose, avalant la distance qui les séparent et prête à l’emmener rejoindre son fils. Sa gorge lui fait mal alors que son souffle erratique l’empêche de gagner l’hydratation dont elle a besoin, bientôt elle aurait le gout ferrailleux du sang sur sa langue. Mais d’ici là, elle grimpe les marches du temple et se réfugie à l’intérieur, observant autour d’elle avec le regard écarquillé et les cheveux si parfait désormais… appartenant à un être vivant (ce qui n’allait pas du tout).
« Excu- » elle approche de quelques pas, lissant son manteau comme s’il pouvait être froissé. « Excusez-moi ? »
Gladys était une bonne femme, et une bonne croyante. Elle allait à la messe une fois par semaine, essayait de faire le bien dans sa vie de tous les jours et de faire attention à son prochain comme le ferait un bon pratiquant de l’église. Sa foi, bien que très présente dans sa vie de tous les jours, était comme pour beaucoup de choses chez elle, cachée derrière plusieurs couches de carapaces (dans le cas présent, sous le manteau, la veste et la chemise). Et bien qu’elle côtoie l’église depuis son arrivée en ville quelques années auparavant, jamais jusqu’à présent ne s’était-elle attardée dans l’enceinte du bâtiment sacrée ou dans ses alentours avant aujourd’hui. Avant que ce ne fut nécessaire. C’est donc avec bien peu de conviction, et la peur suffocante de déranger, qu’elle ose reprendre pour interpeler le prête quelques mètres plus loin. Bien qu’il l’ai sans doute entendue et termine simplement sa tâche.
« J’aurais besoin- » Elle hésite un instant, combattant ses travers. « J’aurais besoin d’aide. Un homme me suit depuis quelques minutes et…»
Sa voix s’éteint dans sa gorge mais son regard de détresse en dit long. Sa bouche articule dans le vide des dizaines de mots en même temps avant qu’elle ne soupire, vaincue. J’ai eut peur.
La journée ne faisait que commencer, pourtant. Le manteau long de la dame couvrait la majeure partie de sa tenue de l’averse mais laissait dépasser ses collants et ces fameuses chaussures aux talons carrés hauts d’à peine cinq centimètres. Malgré la pluie, le bruit de ses pas restait très satisfaisant à son oreille et elle se félicita de ne pas avoir jeté son dévolu sur les escarpins avant de quitter son nid. Un coup d’œil à sa montre au creux de son poignet lui offrit cependant un vent de chaleur et de tranquillité, elle restait en avance et n’avait nullement besoin de se dépêcher. Un véritable soulagement alors que son pas ralentis quelque peu pour qu’elle puisse reprendre son souffle. Transformant sa modeste course (un trot, tout au plus) en une marche certes décidée, mais bien plus agréable. C’est lorsqu’elle s’arrêta un instant pour replacer son sac à main sur son épaule qu’elle le vit.
Un homme relativement fin se tenait sous la pluie, les mains dans les poches de son pantalon. Elle ne voyait pas son visage à cause de son chapeau noir (un borsalino, à ce qui lui semblait) lui tombant légèrement sur les yeux et plongeant sa face dans une sorte de pénombre. Sa stature n’était pas bien impressionnante, mais elle se souvenait de ce chapeau et de ce jean bleu délavé. L’homme attendait devant le café ou elle s’arrêtait le matin, fumant une cigarette sous un abribus. Peut-être avait-il eu un problème avec son bus, c’est du moins ce qu’elle aurait pu penser (se convaincre) si l’homme ne s’était pas arrêté dès qu’elle se fut immobilisée pour replacer son sac, tenir son parapluie et son café tout à la fois.
Elle sait désormais que l’homme la suit.
Elle reprend sa marche, pressant à nouveau le pas alors qu’elle emprunte la rue opposée de celle menant à son travail sans essayer de regarder derrière elle. Elle souffle, se force à prendre une gorgée de café pour avoir la plus naturelle possible. C’est tiède. la pensée s’infiltre dans sa tête comme une surprise, malgré elle. Elle croise une porte d’immeuble ouverte dont le cœur de verre reflétait assez bien son entourage pour s’assurer de la présence de son poursuivant. Le borsalino était toujours là, bien qu’un peu plus loin. Elle sentit ses mains se mettre à trembler et les larmes lui venir. Obligée de lutter contre son envie de se retourner et de l’attaquer. Avec quelle arme ? Elle ne savait même pas s’il en avait une. La panique commençait à l’empêcher de penser alors l’instinct prit en partie le dessus : elle prit la direction du temple le plus proche, visible malgré les bâtisses alentours.
Pendant ce temps, sa paranoïa célèbre l’évènement. Des scénarios s’enchainent, se déroulant avec une précision meurtrière devant ses yeux au même moment ou elle tourne au coin de la rue. Elle s’imagine déjà poignardée, là, dans le dos. Elle se voit emmenée dans une voiture qui s’arrête juste devant elle ou pire… La Chose, avalant la distance qui les séparent et prête à l’emmener rejoindre son fils. Sa gorge lui fait mal alors que son souffle erratique l’empêche de gagner l’hydratation dont elle a besoin, bientôt elle aurait le gout ferrailleux du sang sur sa langue. Mais d’ici là, elle grimpe les marches du temple et se réfugie à l’intérieur, observant autour d’elle avec le regard écarquillé et les cheveux si parfait désormais… appartenant à un être vivant (ce qui n’allait pas du tout).
« Excu- » elle approche de quelques pas, lissant son manteau comme s’il pouvait être froissé. « Excusez-moi ? »
Gladys était une bonne femme, et une bonne croyante. Elle allait à la messe une fois par semaine, essayait de faire le bien dans sa vie de tous les jours et de faire attention à son prochain comme le ferait un bon pratiquant de l’église. Sa foi, bien que très présente dans sa vie de tous les jours, était comme pour beaucoup de choses chez elle, cachée derrière plusieurs couches de carapaces (dans le cas présent, sous le manteau, la veste et la chemise). Et bien qu’elle côtoie l’église depuis son arrivée en ville quelques années auparavant, jamais jusqu’à présent ne s’était-elle attardée dans l’enceinte du bâtiment sacrée ou dans ses alentours avant aujourd’hui. Avant que ce ne fut nécessaire. C’est donc avec bien peu de conviction, et la peur suffocante de déranger, qu’elle ose reprendre pour interpeler le prête quelques mètres plus loin. Bien qu’il l’ai sans doute entendue et termine simplement sa tâche.
« J’aurais besoin- » Elle hésite un instant, combattant ses travers. « J’aurais besoin d’aide. Un homme me suit depuis quelques minutes et…»
Sa voix s’éteint dans sa gorge mais son regard de détresse en dit long. Sa bouche articule dans le vide des dizaines de mots en même temps avant qu’elle ne soupire, vaincue. J’ai eut peur.
J’ai peut-être tout imaginé ?
Il était juste perdu, peut-être ?
et autres je me sens en danger fusèrent dans sa tête alors que ses yeux ne dépassaient jamais les épaules de l’homme de foi, refusant de le regarder dans les yeux. _________________
- Messages : 34
Age : 38 ans
Anima : Carcajou
Second genre : Omega
Odeur : Pomme
Occupation : Archiviste au Voight Museum
Classe sociale : Classe moyenne
Thème : the mother's soundtrack
Dispo rp : Libre mais lente
A noter : infodump en #8888ce • 155cm • squelettique • très directe • pas de codes sociaux mais sociable • pas ou peu confiance dans la police et les journalistes • consomme + de café que d'eau
Baruch Navidson
Jeu 17 Oct 2024 - 15:07
Jeu 17 Oct 2024 - 15:07
Personne ? Personne. Les yeux de Navidson balayèrent brièvement la nef de sa chapelle, plusieurs fois, en regardant avec suspicion les larges piliers de peur que quelqu’un s’y soit réfugié. Avec un soupir et dans un ploiement de genoux silencieux, il se laissa choir sur les marches menant à l’autel où il prêchait d’habitude, les fesses amorties par le tapis de velours qui l’habillait, et s’appuya en arrière sur ses coudes.
Il aurait pu aller dans la salle de repos et se servir une canette de soda ou un café, mais il n’avait même pas envie de marcher jusque là-bas, ni jusqu’au banc inconfortable du cabinet de confessions. Ici, dans la nef, il entendait mieux la pluie tomber sur le toit et contre les vitraux ; il aimait les centaines de petits échos qui se répercutaient dans les arches, contre le marbre, dans les grands espaces vides de son temple que le modeste mobiliait ne parvenait pas atténuer. Il ferma les yeux.
Cette pluie rendait le lieu apaisant, pour une fois. Ces derniers jours, il lui était difficile de mettre son habit et de proclamer ses prêches. Il avait comme le sentiment de mentir à ses ouailles, de ne pas être parfaitement honnête. La blessure qui cicatrisait à son bras le brûlait et le démangeait par à-coups, quand il assurait d’une voix qu’il s’efforçait de maîtriser que le monde était rationnel – que rien n’arrivait sans cause – qu’un principe d’égalité mathématique inexorable pesait sur l’existence. A chaque fois, il repensait aux becs et aux griffes des corbeaux pointés sur ses yeux, qui tiraient ses cheveux, perçaient sa peau et hurlaient sur lui.
Mais il avait un travail, et il devait le faire, et peut-être que d’ici quelques semaines, tout ceci ne serait qu’un lointain et douloureux souvenir.
Il entendit, de loin, des pas se presser sur le parvis et s’empressa de se relever. Il épousseta les pans de son long manteau et fit mine de s’occuper en inspectant l’autel – tous les visiteurs ne cherchaient pas forcément sa compagnie, mais parfois seulement un instant de silence et de méditation.
Ce n’était pas le cas, cependant. Il aperçut du coin de l’œil une femme qu’il connaissait de vue. Il la voyait toutes les semaines, sans jamais lui avoir adressé la parole autrement que pour les formules de politesse coutumières – c’était une belle oméga, d’allure toujours très digne, soigneusement habillée. Aujourd’hui ne faisait pas exception ; mais un stress évident transparaissait dans ses traits et dans sa voix lorsqu’elle appela timidement.
Immédiatement, Navidson se dirigea vers elle d’un pas tranquille, les pans de son manteau volant derrière lui.
« Oui ? Bonjour, ma fille. Est-ce que je peux vous aider ? »
Elle n’allait pas bien ; Navidson pressa le pas et arriva à son niveau alors qu’elle lui disait … Elle était suivie. Immédiatement inquiet, il regarda la porte du temple, qui s’était refermée et ne bougeait pas. Il n’avait aucune difficulté à la croire. Les événements récents ne l’encourageaient pas à au scepticisme.
Cela lui arrivait peu, mais cette fois-ci, il n’eut pas son mot à dire. Ses tendances d’Alpha prirent le dessus, et il passa un bras derrière les épaules de l’Oméga, non pas pour la pousser, mais pour la guider d’une légère pression du bout des doigts vers l’autel.
« Venez. Il y a une pièce dans le fond avec du thé et du café, il ne vous trouvera pas là-bas. »
Il marcha avec elle jusqu’à la petite pièce en question, à droite de l’autel, dissimulée par une porte ordinaire censurée par un écriteau « réservé au personnel ». C’était un local ordinaire, qui servait à Navidson de salle de repos et de stockage. Il y laissait des piles de chaises, quelques tables, et le reste des décorations de précédents événements dans de grandes étagères. Dans le fond, près d’une fenêtre fermée et recouverte d’un revêtement qui empêchait de regarder dans la pièce depuis l’extérieur, des plans de travail soutenaient une bouilloire, des bocaux remplis de café soluble, de sucre et de sachets de thé, et un évier pour faire la vaisselle. Et surtout, c’était là que se trouvait l’unique téléphone du temple.
« Je vous en prie, ma fille, asseyez-vous, si vous voulez. Voulez-vous que j’appelle la police ? »
Il était fatigué, mais ses sens étaient en alerte. Il ne prendrait pas le risque d’abandonner cette femme à sa crainte, ni de laisser quelqu’un de dangereux traîner dans son quartier. En attendant sa réponse, il mit de l’eau à chauffer et sortit deux tasses ; malgré les cliquetis, il tendait l’oreille, les sourcils froncés.
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Age : 33 ans
Anima : Hibou Grand-duc
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Odeur : Camphre
Occupation : Prêtre ordinaire du Vitruvisme
Classe sociale : Working class
Thème : Flowers Never Bend with the Rainfall - Simon & Garfunkel
Dispo rp : 0/4 ! Tout est pris !
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A noter : crédit avatar : @fishermanarts
• Prêtre du Vitruvisme / Alpha / 1m90 / Nageur / Toujours avec des lunettes
• Solitaire / Bienveillant / Très à l'écoute / Parle peu / Appelle tout le monde "ma fille", "mon fils", "mon enfant" indépendamment de l'âge de la personne
• Endeuillé de son jeune frère et de son père / Remet sa foi en question sans se l'avouer / A deux crises existentielles par jour / Abstinent
Ma présentation version longue ! [MAJ 2/08/2024]
Ma fiche de liens + présentation synthétique ! [MAJ 14/08/2024]
Gladys Artwood
Jeu 17 Oct 2024 - 19:00
Jeu 17 Oct 2024 - 19:00
cw : harcèlement de rue, dissociation, trauma, crise de panique (implicite)
le chapeau sans visage
Le moindre bruit est amplifié par l’architecture de l’établissement. Les bruissements des tissus, les gouttes sur le sol, les semelles sur le marbre. Ou peut-être que Madame Artwood est trop vigilante pour laisser s’échapper le moindre stimulus. La porte reste malicieusement fermée derrière elle. Derrière eux. Conservant ses secrets et ses mystères. Le chapeau ne s’est pas aventuré plus loin. Pas encore.
« Venez. Il y a une pièce dans le fond avec du thé et du café, il ne vous trouvera pas là-bas. » Sa voix est presque trop grave pour que Gladys comprenne totalement ses mots. Tout est un peu confus. « Merci, mon père. » La sienne lui semble croasser à ses oreilles, comme le cri sinistre d’un corbeau. La gorge sèche laisse passer les voyelles avec difficultés. La confusion lui fait oublier les convenances de l’église, elle doute de si elle les a bien respectés. Elle déglutit, suivant l’imposant homme autour de la nef. Son regard s’accroche aux quelques cierges allumés, pas bien nombreux mais luisant tout de même comme autant de bougies d’anniversaires et de vœux silencieux. Son regard se porte aux décorations qui les entourent avant de fixer le dos de l’épais manteau allant avec la fonction. Les ombres du temple jouent sur le creux de ses omoplates et les plis de ses vêtements le rendant sans doute plus massif qu’il ne l’est vraiment.
L’Alpha tourne son buste, le regard sérieux s’accompagnant d’un mouvement pour lui ouvrir la porte. Elle l’observe faire comme s’il ne s’adressait pas à elle, comme spectatrice aérienne de la situation. Elle met deux petites secondes à réagir à la porte ouverte, sa voix aidant à revenir au monde réel. « Je vous en prie, ma fille, asseyez-vous, si vous voulez. Voulez-vous que j’appelle la police ? » L’aspect aussi ordinaire de l’endroit lui tira un sourire. Elle s’attendait à y voir d’autres épanchements religieux mais finalement n’y trouva qu’une réserve semblable à l’école dans laquelle elle exerçait ou celle des archives du Musée Voight. L’écart sembla la rassurer, ou au moins la perturber assez pour amoindrir sa panique. Son manteau imbibé d’eau la collait et elle décida de le retirer sans tarder pour éviter de laisser une trainée humide sur son sillage. Paquebot à la dérive, elle cherche du regard un porte manteau mais décide de le poser sur le dossier d’une chaise, le laissant trainer au sol.
« Je souhaiterais simplement prévenir mon travail. Je ne voudrais pas déranger la police pour les inquiétudes d’une pauvre sotte.» Sa voix est fluette bien que rocailleuse, travaillée au corps par la cigarette. Ses prunelles froides et tout aussi sérieuses que celles de son interlocuteur se redressent pour chercher son regard, intrépide jeune femme cherchant à montrer qu’elle n’est pas trop remuée. Peut-être pour se convaincre elle-même plus que lui. « Un café me réchaufferait bien. Si ça ne vous dérange pas trop ? »
La détresse de la femme reste ostensible, palpable jusque dans la posture de ses épaules ou le besoin de se tenir relativement loin du prêtre. Elle conserve les mains posées sur le dossier, caressant le tissu déjà épais rendu lourd par les centilitres d’eau prisonniers à l’intérieur. Mais elle reste droite et fière, le menton haut et le regard fuyant maitrisé pour scruter le père Navidson et ses actions. Son parfum du jour, aux saveurs de litchi et de rose, s’accompagne des odeurs plus mondaines de la pluie en ville, de la cigarette mentholée et de la pollution dans une certaine mesure.
« Venez. Il y a une pièce dans le fond avec du thé et du café, il ne vous trouvera pas là-bas. » Sa voix est presque trop grave pour que Gladys comprenne totalement ses mots. Tout est un peu confus. « Merci, mon père. » La sienne lui semble croasser à ses oreilles, comme le cri sinistre d’un corbeau. La gorge sèche laisse passer les voyelles avec difficultés. La confusion lui fait oublier les convenances de l’église, elle doute de si elle les a bien respectés. Elle déglutit, suivant l’imposant homme autour de la nef. Son regard s’accroche aux quelques cierges allumés, pas bien nombreux mais luisant tout de même comme autant de bougies d’anniversaires et de vœux silencieux. Son regard se porte aux décorations qui les entourent avant de fixer le dos de l’épais manteau allant avec la fonction. Les ombres du temple jouent sur le creux de ses omoplates et les plis de ses vêtements le rendant sans doute plus massif qu’il ne l’est vraiment.
L’Alpha tourne son buste, le regard sérieux s’accompagnant d’un mouvement pour lui ouvrir la porte. Elle l’observe faire comme s’il ne s’adressait pas à elle, comme spectatrice aérienne de la situation. Elle met deux petites secondes à réagir à la porte ouverte, sa voix aidant à revenir au monde réel. « Je vous en prie, ma fille, asseyez-vous, si vous voulez. Voulez-vous que j’appelle la police ? » L’aspect aussi ordinaire de l’endroit lui tira un sourire. Elle s’attendait à y voir d’autres épanchements religieux mais finalement n’y trouva qu’une réserve semblable à l’école dans laquelle elle exerçait ou celle des archives du Musée Voight. L’écart sembla la rassurer, ou au moins la perturber assez pour amoindrir sa panique. Son manteau imbibé d’eau la collait et elle décida de le retirer sans tarder pour éviter de laisser une trainée humide sur son sillage. Paquebot à la dérive, elle cherche du regard un porte manteau mais décide de le poser sur le dossier d’une chaise, le laissant trainer au sol.
« Je souhaiterais simplement prévenir mon travail. Je ne voudrais pas déranger la police pour les inquiétudes d’une pauvre sotte.» Sa voix est fluette bien que rocailleuse, travaillée au corps par la cigarette. Ses prunelles froides et tout aussi sérieuses que celles de son interlocuteur se redressent pour chercher son regard, intrépide jeune femme cherchant à montrer qu’elle n’est pas trop remuée. Peut-être pour se convaincre elle-même plus que lui. « Un café me réchaufferait bien. Si ça ne vous dérange pas trop ? »
La détresse de la femme reste ostensible, palpable jusque dans la posture de ses épaules ou le besoin de se tenir relativement loin du prêtre. Elle conserve les mains posées sur le dossier, caressant le tissu déjà épais rendu lourd par les centilitres d’eau prisonniers à l’intérieur. Mais elle reste droite et fière, le menton haut et le regard fuyant maitrisé pour scruter le père Navidson et ses actions. Son parfum du jour, aux saveurs de litchi et de rose, s’accompagne des odeurs plus mondaines de la pluie en ville, de la cigarette mentholée et de la pollution dans une certaine mesure.
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Age : 38 ans
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Baruch Navidson
Jeu 17 Oct 2024 - 22:47
Jeu 17 Oct 2024 - 22:47
Le langage corporel de la femme ne rassurait pas tout à fait Navidson. Mais personne d’autre n’entrait dans la chapelle. Il s’attendait, à tout instant, à lui dire « restez ici, ne faites pas de bruit » et devoir aller investiguer cet homme qui la suivait. Cependant, elle parlait au moins avec un peu pus de facilités – il faillit s’excuser de ne pas pouvoir lui proposer un endroit où mettre son manteau. A la vérité, il n’avait jamais pensé à se procurer un portemanteau ou au moins une patère à accrocher sur la porte. Quand il se défaisait du sien, il le pliait sur le dossier d’une chaise.
Il acquiesça à sa requête, et s’écarta du combiné pour lui en permettre l’accès. Il essayait de se montrer rassurant en ayant conscience de ne pas vraiment y parvenir. Si son père ou son parrain avaient été là, ils auraient bien ricané ; Baruch, bordel, tiens-toi bien, arrête de faire ta tête de chien battu. C’était un rôle qui lui allait très mal, il le savait ; il n’arrivait pas à carrer les épaules quand il le fallait, à se faire menaçant ou imposant. Seule sa grande taille, il supposait, empêchait les personnes qui auraient pu lui chercher des noises de le faire.
« Je vous en prie … Si vous n’avez pas le numéro, je dois avoir un annuaire quelque part. »
A sa demande fort polie, il acquiesça.
« Bien sûr, ça ne me dérange pas du tout. »
Le café soluble n’était pas de très bonne qualité, mais il faisait l’affire – il était rare que Navidson reçoive qui que ce soit dans ce local, et les jours de grande pompe, il sortait les grands thermos et personne ne se plaignait de quoi que ce soit. Il s’affaira à chauffer l’eau, sortir deux tasses et y distribuer une cuillère de poudre brune dans chacune d’elle, sans se préoccuper davantage de sa fidèle pendant qu’elle reprenait ses esprits.
Depuis le local, on entendait moins bien la pluie tomber, mais elle restait présente comme un doux bruit blanc. Au bout de quelques minutes, le café était prêt, et il se tourna vers la femme pour lui tendre la tasse fumante.
La familiarité des gestes avait un peu atténue sa nervosité ; il respirait plus librement.
« Voilà. Je suis navré, ma fille, je vous vois souvent, mais je ne crois pas avoir un jour pris le temps de discuter avec vous … Je ne connais même pas votre nom. »
Il se tira une chaise et s’assit, en lui laissant le choix de faire de même ou non. Il était las, et il guettait toujours s’il y avait du bruit dans la nef.
« Vous pouvez rester autant de temps que vous voudrez, et utiliser le téléphone. … où travaillez-vous, exactement ? »
Il espérait que ses questions passent pour polies plutôt qu’intrusives ; il avait besoin de faire la conversation pour se rassurer, et montrer à l’Oméga en détresse qu’il n’était pas aussi tendu qu’il l’était réellement.
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Gladys Artwood
Jeu 7 Nov 2024 - 1:20
Jeu 7 Nov 2024 - 1:20
le chapeau sans visage
Les oreilles de l’oméga sonnent comme les cloches d’un temple et elle a besoin d’avaler sa salive à de plusieurs reprises pour réussir à calmer sa tête. Les sons étouffés se calment et elle ne peut que déduire de sa coopération en le voyant s’écarter pour préparer le délicieux nectar des dieux. Elle prend ce temps pour essayer de se souvenir, de chasser la peur : est-ce qu’elle a vu le visage de l’homme qui la suivait ? Il lui semblait que Douglas avait hérité en vieillissant de quelques cheveux blancs difficiles à manquer dans sa tignasse d’ébène. Elle l’aurait sans doute remarqué malgré cet horrible chapeau. Elle n’arrivait même pas à se souvenir de la couleur du chapeau ou de la taille de l’homme.
« Voilà. Je suis navré, ma fille, je vous vois souvent, mais je ne crois pas avoir un jiour pris le temps de discuter avec vous… Je ne connais même pas votre nom. »
« Madame Artwood. Ne vous en faites pas, vous avez énormément de partisans à gérer et je ne suis pas très… douée avec les relations sociales. » Sa gêne palpable pouvait facilement être mise sur le dos de sa situation. Elle regarda la seule porte de la pièce.
« Vous pouvez rester autant que vous voudrez, et utiliser le téléphone. Où travaillez-vous exactement ? » Elle haussa un sourcil à son attention et se décida à répondre.
« Au Voight Museum, j’y travaille comme archiviste et rénovatrice. »
De petits pas sobres l’amène au téléphone poli, presque rutilent, pendant qu’elle parle. Pas forcément neuf, mais au moins propre. Elle compose le numéro de tête, sans sourciller et coince le combiné entre son épaule et sa joue avant de se tourner pour pouvoir continuer à voir -surveiller- le prêtre barista. Une voix enrouée décroche, légère toux précédent la prise de parole. Irène n’avait l’air réveillée qu’en quittant son poste le soir venu.
« Voight Museum, j’écoute. » Madame Artwood fronce les sourcils, agacée de sa désinvolture.
« Irène, c’est madame Artwood. Pouvez-vous prévenir de mon retard ? Je devrais arriver pour 10h30 au lieu de 10h. J’ai un contre-temps » Elle peut l’entendre soupirer.
« Oui madame Artwood, je transmet au directeur. »
« Merci, Irène. A tout à l’heure. »
Elle raccroche sans demander son reste. Avec son comportement, son air désabusé et ses épaules tombantes il serait facile de penser qu’Irène a déjà vécut plus que son lot d’aventures. C’est peut-être le cas, mais Gladys semble trouver l’idée peu probable : elle n’a que 21 ans et n’a à son actif qu’un diplôme mineur de secrétaire. Elle fait fi de ses pincements et de ses réflexions excédées pour reporter son attention à l’homme de foi, joignant les mains ensemble sur le mug abandonnée le temps du coup de fil. Le froid semble quitter peu à peu son cœur, bien qu’il soit définitivement installé dans ses doigts et ses pieds. Elle compte sur le café pour résoudre ce petit souci. La tasse coincée entre ses longs doigts squelettiques, elle s’appuie contre le mur accueillant le combiné avant de reprendre.
« J’espère ne pas avoir à rester trop longtemps. Je ne voudrais pas mettre mes collègues dans l’embarras. »
Pour tout dire, personne ne serait dans l’embarras. Elle était même en avance puisque son contrat exigeait d’elle qu’elle fasse un certain nombre d’heures par semaines quel que soit les horaires exécutés. Et même dans cette idée, elle était à peut-être trente minutes de marches de son lieu de travail et elle venait de prévoir une heure et demie de marge. Pour finir, les seuls collègues dépendant de sa présence étaient peut-être Colin qui attendrait son café un peu plus longtemps que prévu et encore. La seule personne embarrassée serait la très stricte madame Artwood et son chignon haut et aussi tiré en arrière qu’elle-même.
« J’espère ne pas vous importuner, mon père. La situation est peut-être bien moins gra- »
Le lourd bruit de la porte de l’église coince sa voix dans sa gorge et ses mains se cripsent sur la tasse. Elle tourne la tête, persuadée que la porte s’apprête à voler en éclat. Les couleurs pourtant nombreuses occupant ses joues se délavent et elle semble avoir perdu la capacité de respirer, morte de peur.
« Voilà. Je suis navré, ma fille, je vous vois souvent, mais je ne crois pas avoir un jiour pris le temps de discuter avec vous… Je ne connais même pas votre nom. »
« Madame Artwood. Ne vous en faites pas, vous avez énormément de partisans à gérer et je ne suis pas très… douée avec les relations sociales. » Sa gêne palpable pouvait facilement être mise sur le dos de sa situation. Elle regarda la seule porte de la pièce.
« Vous pouvez rester autant que vous voudrez, et utiliser le téléphone. Où travaillez-vous exactement ? » Elle haussa un sourcil à son attention et se décida à répondre.
« Au Voight Museum, j’y travaille comme archiviste et rénovatrice. »
De petits pas sobres l’amène au téléphone poli, presque rutilent, pendant qu’elle parle. Pas forcément neuf, mais au moins propre. Elle compose le numéro de tête, sans sourciller et coince le combiné entre son épaule et sa joue avant de se tourner pour pouvoir continuer à voir -surveiller- le prêtre barista. Une voix enrouée décroche, légère toux précédent la prise de parole. Irène n’avait l’air réveillée qu’en quittant son poste le soir venu.
« Voight Museum, j’écoute. » Madame Artwood fronce les sourcils, agacée de sa désinvolture.
« Irène, c’est madame Artwood. Pouvez-vous prévenir de mon retard ? Je devrais arriver pour 10h30 au lieu de 10h. J’ai un contre-temps » Elle peut l’entendre soupirer.
« Oui madame Artwood, je transmet au directeur. »
« Merci, Irène. A tout à l’heure. »
Elle raccroche sans demander son reste. Avec son comportement, son air désabusé et ses épaules tombantes il serait facile de penser qu’Irène a déjà vécut plus que son lot d’aventures. C’est peut-être le cas, mais Gladys semble trouver l’idée peu probable : elle n’a que 21 ans et n’a à son actif qu’un diplôme mineur de secrétaire. Elle fait fi de ses pincements et de ses réflexions excédées pour reporter son attention à l’homme de foi, joignant les mains ensemble sur le mug abandonnée le temps du coup de fil. Le froid semble quitter peu à peu son cœur, bien qu’il soit définitivement installé dans ses doigts et ses pieds. Elle compte sur le café pour résoudre ce petit souci. La tasse coincée entre ses longs doigts squelettiques, elle s’appuie contre le mur accueillant le combiné avant de reprendre.
« J’espère ne pas avoir à rester trop longtemps. Je ne voudrais pas mettre mes collègues dans l’embarras. »
Pour tout dire, personne ne serait dans l’embarras. Elle était même en avance puisque son contrat exigeait d’elle qu’elle fasse un certain nombre d’heures par semaines quel que soit les horaires exécutés. Et même dans cette idée, elle était à peut-être trente minutes de marches de son lieu de travail et elle venait de prévoir une heure et demie de marge. Pour finir, les seuls collègues dépendant de sa présence étaient peut-être Colin qui attendrait son café un peu plus longtemps que prévu et encore. La seule personne embarrassée serait la très stricte madame Artwood et son chignon haut et aussi tiré en arrière qu’elle-même.
« J’espère ne pas vous importuner, mon père. La situation est peut-être bien moins gra- »
Le lourd bruit de la porte de l’église coince sa voix dans sa gorge et ses mains se cripsent sur la tasse. Elle tourne la tête, persuadée que la porte s’apprête à voler en éclat. Les couleurs pourtant nombreuses occupant ses joues se délavent et elle semble avoir perdu la capacité de respirer, morte de peur.
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- Messages : 34
Age : 38 ans
Anima : Carcajou
Second genre : Omega
Odeur : Pomme
Occupation : Archiviste au Voight Museum
Classe sociale : Classe moyenne
Thème : the mother's soundtrack
Dispo rp : Libre mais lente
A noter : infodump en #8888ce • 155cm • squelettique • très directe • pas de codes sociaux mais sociable • pas ou peu confiance dans la police et les journalistes • consomme + de café que d'eau
Baruch Navidson
Jeu 7 Nov 2024 - 20:25
Jeu 7 Nov 2024 - 20:25
Toujours tendu, mais l’apparence rendue calme par les gestes souvent répétés, Navidson s’occupait les mains. Les oreilles tendues vers des bruits qui ne se faisaient pas entendre, il acquiesça poliment aux réponses offertes par sa fidèle. Madame Artwood. Ce nom lui faisait penser à Art – et il essaya de ne pas être vexé ni peiné qu’elle ne le juge pas digne de connaître son prénom. Lui donnait le sien à tout le monde … Mais elle était trop stressée, sans doute.
En entendant qu’elle était archiviste, il se détendit encore un peu. Lui aussi avait été archiviste quelques années au grand Temple de Haddonfield. Son acien poste ne lui manquait pas particulièrement, mais il voyait l’attrait de travailler dans un musée. Il y avait brièvement pensé avant que sa foi ne l’appelle vers la prêtrise.
Pendant qu’elle passait son appel, il acheva de se faire son propre café, et le but par petites gorgées un peu trop chaudes. Il n’écouta pas la conversation – elle était de toutes façon très courte, et ce n’étaient pas ses affaires. En ce qui le concernait, Madame Artwood pouvait rester ici autant qu’elle le voulait : il n’était pas prêt de quitter le temple. L’immense majorité du temps, il sautait le repas du midi et continuait à s’affairer jusqu’à la fermeture du soir.
A la remarque de l’archiviste sur son retard et ses collègues, Navidson ne répondit qu’un petit signe de tête compatissant. Il n’avait aucun collègue, et de ce point de vue, c’était un confort. Il n’avait jamais été vraiment à l’aise dans les relations professionnelles, et les rares fois où il devait côtoyer d’autres prêtres, il s’arrangeait en général pour rester en retrait et attendre que ça passe.
Les fesses appuyées contre l’évier, sa tasse dans les mains, il gardait son regard sur celui de la femme, avec le plus de politesse qu’il était capable de mobiliser. La nervosité l’empêchait d’être aussi affable qu’il essayait de l’être d’habitude.
Il allait la rassurer, quand le bruit familier – mais terriblement inquiétant dans ce contexte – de la porte leur parvint. Tout de suite, et sans hésitation, il posa sa tasse et se dirigea vers la porte. Il avait bougé avant d’avoir eu le temps de se dire qu’il n’avait aucune envie d’aller voir, et que lui aussi, il avait un peu peur.
« Ne bougez pas, je vais voir. Il y a des couteaux dans le tiroir. »
Sur cette précision qu’il espérait superflue, il sortit de la pièce et se dirigea dans la nef, une boule dans la gorge et son manteau flottant derrière lui.
Il n’y avait personne, mais la porte était bien entrouverte. Les sourcils froncés, il s’avança vers elle, à pas silencieux et lent.
Quand il passa près de l’un des épais pilliers, une forme en sortit – il sursauta et leva le bras avant de se rendre compte qu’il s’agissait d’un môme.
« Nathaniel ! » il s’exclama, d’un ton sans doute un peu trop excédé. « Tu m’as fait peur, mon Fils ! »
Nathaniel était un des gamins du quartier – Navidson l’avait vu pour la dernière fois il y avait deux jours à peine, quand il avait aidé à l’oganisation d’un petit tournoi de football. Nathaniel avait huit ans, il était un peu malpoli, et avait la fâcheuse tendance de faire des crochets un peu trop souvent à ses camarades sur le terrain. D’ailleurs, à cette heure de la journée, il aurait dû être à l’école.
« ‘Scusez moi, m’sieur mon Père. »
Il n’avait pas l’air désolé du tout, et même un peu fier.
« Ce n’est rien. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »
« On a oublié notre ballon l’aut’ jour. Je peux l’avoir ? »
« Pourquoi tu n’es pas à l’école ? »
« La maîtresse est malade. Maman dit qu’elle a attrapé la méno- … la mono- … une maladie avec un nom compliqué. Elle a aussi dit que c’était bien fait pour elle parce qu’elle fait des bisous à trop de monde. »
Navidson fronça les sourcils, ferma les yeux et se mordit la joue pour ne pas avoir ni à s’indigner, ni à rire aux éclats. Ce n’était pas la première fois que Nathaniel lui parlait de la réputation de sa maîtresse d’école avec une innocence que seuls les enfants pouvaient avoir. Sa partie la plus morale lui dictait qu’il devrait essayer d’aborder le sujet avec tact la prochaine fois qu’il verrait les mères de Nathaniel – la partie de sa psyché qui l’était moins n’avait aucune envie de le faire, parce que c’était terriblement divertissant.
Il rouvrit les yeux mais ne parvint pas à s’empêcher de sourire.
« Viens, je vais chercher ton ballon. »
Ce que lui avait dit Gladys l’empêchait de laisser le garçon tout seul. Il le laissa brièvement devant la porte du local, y rentra de nouveau pour attraper un ballon de football bien éprouvé et le tendit à Nathaniel qui l’attendait de l’autre côté du seuil.
« Voilà. Fais attention en rentrant chez toi, mon Fils. »
« Merci, m’sieur mon Père ! »
Le gamin déguerpit sans demander son reste, et Navidson n’eut pas le cœur de lui crier de ne pas courir dans la nef.
Quand il se fut assuré qu’il était parti sans s’être cassé la figure, il adressa un regard plein d’excuses à Madame Artwood. Il n’était parti que très peu de temps, mais il n’aimait pas laisser seule quelqu’un qui était venue lui demander son aide.
« Un gamin du quartier. Tout le monde rentre ici comme dans un moulin, désolé. Je comprends ce que ça peut avoir de crispant. »
Il referma la porte du local, un peu pensif.
« … A quoi ressemblait l’homme qui vous suivait ? Je ne veux pas manquer de tact, c’est seulement que … Si un type louche rôde dans le quartier, il me semble prudent de faire passer le message. »
Sa question masquait mal son malaise – ses tendances protectrices l’admonestaient d’avoir laissé le garçon repartir. Mais que pouvait-il faire ? Il n’allait pas le retenir dans le Temple si le danger était écarté. Il ne voulait pas partir du principe que Gladys mentait, mais il refusait aussi de laisser son angoisse prendre le dessus.
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