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Colin Faraday
Mar 5 Nov 2024 - 22:13
Mar 5 Nov 2024 - 22:13
« Papa, Papa, on est bientôt arrivés ?
- Poussin, c'est la cinquième fois que tu me demandes-
- Ça ne répond pas à ma question !
- Nous venons littéralement de passer le portail, trésor.
- Et ?
- Alors on y est.
- ...Oh. »
Un bout de chou de dix ans traîne avec le plus grand engouement son père peu disposé à la suivre. Apparament bien plus fatigué que sa progéniture, le quarantenaire aux traits moroses pousse un long soupire en jetant un œil derrière lui à sa petite auto vert bouteille délaissée à l'entrée du campus. La voir disparaître derrière la porte en fer forgé et l'immense mur de briques qui la soutien est similaire à voir une cage se refermer sur lui. Sa main se resserre un tantinet sur les mimines de son enfant trépignante. Il déglutit et décide de regarder devant lui dorénavant.
Colin ne sait pas trop ce qu'il fait ici – ou plutôt pourquoi il a accepté de se faire mener par le bout du nez par sa fille. Quand cette dernière avait commencé à poser des questions sur ses anciennes écoles, tout particulièrement le pensionnat de Bramford, l'ancien plongeur avait commencé à marcher sur des œufs. Il avait toujours été discret vis-à-vis de ses études, et pour de bonnes raisons. Il n'avait de toutes façons pas de contact avec ses anciens amis, camarades ou professeurs – pas de raison pour que quelqu'un vienne nier tous ses blancs mensonges. Qui eut cru que sa gamine serait aller déterrer les photos d'école enterrées dans le grenier de ses parents ? Les clichés avaient depuis disparu, mais pas l'intérêt de sa fille.
Greer est à un âge où la curiosité maladive et les interdictions strictes forment un sacré cocktail molotov prêt à exploser à tout moment. Il en a déjà payé les frais la dernière fois où il lui a formellement déconseillé de se couper elle-même les cheveux – leur rendez-vous chez le coiffeur était déjà planifié, mais que nenni. L'enfant voulait faire elle-même, d'autant plus lorsque son Papa le lui avait vraiment VRAIMENT interdit.
Alors forcément, lorsque Greer avait commencé à le tanner pour visiter Bramford, Colin n'avait pas su comment réagir. Il avait donc demandé son avis à une collègue qui lui avait simplement déclaré que « céder un coup et lui montrer à quel point son ancienne école a tout de l'ordinaire la ferait se lasser plus vite que bonjour ». Il l'avait écouté. Et les voilà.
Monsieur Faraday ressemble à un condamné qui va pour rejoindre son bourreau sur l'estrade.
« Bon. On fait un tour rapide des lieux et on y va, d'accord ? Ce n'est pas comme s'il y a grand chose à voir ici, tu sais.. » marmonne t-il.
Les vacances scolaires battent leur plein, ce qui signifie que la plupart des occupants des lieux ont fait leurs valises pour l'occasion. Entre le silence inhabituel et le temps grisâtre – il n'a pas choisi le meilleur jour pour une virée en bagnole, mais y en a-t-il vraiment un, de bon jour?– , le brun a la vive impression d'être dans un de ses cauchemars. Un de ceux les moins dérangeants, certes, mais tout de même. Il s'attend presque à ce que surgissent de la moindre pierre des fantômes de son passé réveillés par leur arrivée. Sur le qui-vive pour quoique ce soit d'anormal, il a à peine senti la petite main de Greer quitter la sienne.
« Papa, regarde cet énorme m'sieur ! »
Le premier directeur de l'école le toise du haut de ses cinq mètres de bronze. Le nom de l'école et du proviseur en question sont gravés sous ses chaussures, les dates d'ouverture de l'établissement rendues presque invisibles avec le temps - sans compter les dégâts provoqués par plusieurs générations d'étudiants turbulents. En dessous de son regard plissé et de ses épaisses robes traditionnelles, la Faraday junior sautille toute excitée et pointe du doigt l'affreux personnage. Colin ne peut empêcher la commissure de ses lèvres de se relever en la voyant faire. Résister longtemps aux charmes de son petit ange n'a jamais été dans ses cordes.
« Je t'ai déjà dit de ne pas pointer du doigt les gens, Greer. Même si ce sont des statues. »
Le reproche aussitôt donné, la brave petite s'exécute et reporte son attention sur autre chose. Une énième statue, une pierre sur leur chemin, une jolie fenêtre, un pamphlet qui traîne par terre. Il faut un rien pour susciter l’enthousiasme de l'écolière. Aventurière en herbe, elle se laisse flotter d'un bout à l'autre du hall extérieur, bondissant de trouvailles en trouvailles en lançant de temps à autres un coup d’œil à son géniteur.
Colin, lui, est resté planté silencieux devant l'effrayant Directeur Bramford et son air sévère. Malgré lui, les souvenirs de son passé se bousculent, l'entraînent dans un tourbillon de mémoires qu'il avait jusque là enfermé à double tour au fin fond de son esprit. Combien de fois ses pas l'ont-ils mené à ce même hall, cette même sculpture ? Et à quand remonte sa dernière visite désormais ? Vingt, presque trente ans ? Toutes ces années à tenter d'oublier le pensionnat et sa maudite grotte – tout ça pour y revenir la bouche en cœur parce qu'il a cédé à un caprice de sa gosse. Une seconde passe durant laquelle il s'entête à supporter les yeux froid de l'effigie du vieil homme. Une minute. Plusieurs. Ses yeux commencent à le piquer. Il n'est pas prêt de gagner ce duel de regard.
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Murmures en #247c73
- Poussin, c'est la cinquième fois que tu me demandes-
- Ça ne répond pas à ma question !
- Nous venons littéralement de passer le portail, trésor.
- Et ?
- Alors on y est.
- ...Oh. »
Un bout de chou de dix ans traîne avec le plus grand engouement son père peu disposé à la suivre. Apparament bien plus fatigué que sa progéniture, le quarantenaire aux traits moroses pousse un long soupire en jetant un œil derrière lui à sa petite auto vert bouteille délaissée à l'entrée du campus. La voir disparaître derrière la porte en fer forgé et l'immense mur de briques qui la soutien est similaire à voir une cage se refermer sur lui. Sa main se resserre un tantinet sur les mimines de son enfant trépignante. Il déglutit et décide de regarder devant lui dorénavant.
Colin ne sait pas trop ce qu'il fait ici – ou plutôt pourquoi il a accepté de se faire mener par le bout du nez par sa fille. Quand cette dernière avait commencé à poser des questions sur ses anciennes écoles, tout particulièrement le pensionnat de Bramford, l'ancien plongeur avait commencé à marcher sur des œufs. Il avait toujours été discret vis-à-vis de ses études, et pour de bonnes raisons. Il n'avait de toutes façons pas de contact avec ses anciens amis, camarades ou professeurs – pas de raison pour que quelqu'un vienne nier tous ses blancs mensonges. Qui eut cru que sa gamine serait aller déterrer les photos d'école enterrées dans le grenier de ses parents ? Les clichés avaient depuis disparu, mais pas l'intérêt de sa fille.
Greer est à un âge où la curiosité maladive et les interdictions strictes forment un sacré cocktail molotov prêt à exploser à tout moment. Il en a déjà payé les frais la dernière fois où il lui a formellement déconseillé de se couper elle-même les cheveux – leur rendez-vous chez le coiffeur était déjà planifié, mais que nenni. L'enfant voulait faire elle-même, d'autant plus lorsque son Papa le lui avait vraiment VRAIMENT interdit.
Alors forcément, lorsque Greer avait commencé à le tanner pour visiter Bramford, Colin n'avait pas su comment réagir. Il avait donc demandé son avis à une collègue qui lui avait simplement déclaré que « céder un coup et lui montrer à quel point son ancienne école a tout de l'ordinaire la ferait se lasser plus vite que bonjour ». Il l'avait écouté. Et les voilà.
Monsieur Faraday ressemble à un condamné qui va pour rejoindre son bourreau sur l'estrade.
« Bon. On fait un tour rapide des lieux et on y va, d'accord ? Ce n'est pas comme s'il y a grand chose à voir ici, tu sais.. » marmonne t-il.
Les vacances scolaires battent leur plein, ce qui signifie que la plupart des occupants des lieux ont fait leurs valises pour l'occasion. Entre le silence inhabituel et le temps grisâtre – il n'a pas choisi le meilleur jour pour une virée en bagnole, mais y en a-t-il vraiment un, de bon jour?– , le brun a la vive impression d'être dans un de ses cauchemars. Un de ceux les moins dérangeants, certes, mais tout de même. Il s'attend presque à ce que surgissent de la moindre pierre des fantômes de son passé réveillés par leur arrivée. Sur le qui-vive pour quoique ce soit d'anormal, il a à peine senti la petite main de Greer quitter la sienne.
« Papa, regarde cet énorme m'sieur ! »
Le premier directeur de l'école le toise du haut de ses cinq mètres de bronze. Le nom de l'école et du proviseur en question sont gravés sous ses chaussures, les dates d'ouverture de l'établissement rendues presque invisibles avec le temps - sans compter les dégâts provoqués par plusieurs générations d'étudiants turbulents. En dessous de son regard plissé et de ses épaisses robes traditionnelles, la Faraday junior sautille toute excitée et pointe du doigt l'affreux personnage. Colin ne peut empêcher la commissure de ses lèvres de se relever en la voyant faire. Résister longtemps aux charmes de son petit ange n'a jamais été dans ses cordes.
« Je t'ai déjà dit de ne pas pointer du doigt les gens, Greer. Même si ce sont des statues. »
Le reproche aussitôt donné, la brave petite s'exécute et reporte son attention sur autre chose. Une énième statue, une pierre sur leur chemin, une jolie fenêtre, un pamphlet qui traîne par terre. Il faut un rien pour susciter l’enthousiasme de l'écolière. Aventurière en herbe, elle se laisse flotter d'un bout à l'autre du hall extérieur, bondissant de trouvailles en trouvailles en lançant de temps à autres un coup d’œil à son géniteur.
Colin, lui, est resté planté silencieux devant l'effrayant Directeur Bramford et son air sévère. Malgré lui, les souvenirs de son passé se bousculent, l'entraînent dans un tourbillon de mémoires qu'il avait jusque là enfermé à double tour au fin fond de son esprit. Combien de fois ses pas l'ont-ils mené à ce même hall, cette même sculpture ? Et à quand remonte sa dernière visite désormais ? Vingt, presque trente ans ? Toutes ces années à tenter d'oublier le pensionnat et sa maudite grotte – tout ça pour y revenir la bouche en cœur parce qu'il a cédé à un caprice de sa gosse. Une seconde passe durant laquelle il s'entête à supporter les yeux froid de l'effigie du vieil homme. Une minute. Plusieurs. Ses yeux commencent à le piquer. Il n'est pas prêt de gagner ce duel de regard.
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Murmures en #247c73
- Messages : 6
Age : 42 ans
Anima : Labbe parasite
Second genre : Alpha
Odeur : Criste marine
Occupation : Aquariologiste
Classe sociale : Upper middle class
Thème : abysse, thalassophobie, homophobie intériorisée, traumas de l'enfance, accident de plongée
Dispo rp : 2/3 RPs en cours
A noter : Homme cis ◈ α ◈ 1m91◈ Chétif, efflanqué ◈ Teint olive ◈ flexible, sportif ◈ Cheveux bruns courts grisonnants ◈ Barbe de trois jours ◈ Yeux chocolat ◈ 1/8 đạinamien ◈ Cernes ◈ paire de lunettes rondes impressionnante ◈ Pommettes hautes ◈ Inexpressif, à l'exception de ses sourcils ◈25 battements par minute lorsqu'il se concentre ◈ Aussi adroit avec ses mains qu'un albatros avec ses pieds ◈
Norma Tillinghast
Sam 9 Nov 2024 - 15:27
Sam 9 Nov 2024 - 15:27
Le vent mordait la peau de Norma comme un avertissement. Elle n’avait pas oublié cette froideur, ccette brise insidieuse qui semblait se glisser sous les couches de vêtements et de souvenirs. Le pensionnat était là, comme une bête endormie, attendant, tout comme elle, que quelque chose de plus grand, de plus terrible, vienne frapper. Elle n’avait pas voulu revenir, c’était une évidence ; personne ne voudrait revenir sur les lieux exacts d'un tel événement, qui avait tant coûté à tout le monde. Chaque pas, chaque ombre, chaque fenêtre poussiéreuse lui rappelait une époque révolue, une époque qu’elle avait fuit avec ferveur. Mais l’attaque de la Présence sur le Seuil… ce n’était pas un simple souvenir. C’était un cri dans son esprit, une déchirure, une alerte. Le Père Navidson, lui aussi, en portait les stigmates. La cloche du pensionnat n’avait pas cessé de résonner, et ses échos se mêlaient à la douleur de sa propre fuite.
Norma s’arrêta un instant devant la grande porte d’entrée et la fixa longuement, elle qui qui s’était ouverte tant de fois dans le passé. Tout ce qu’elle avait vécu ici, tout ce qu’elle avait renié… elle ne pouvait plus ignorer l’appel. Il y avait trop de souffrance, trop de questions sans réponses, et une partie d’elle, aussi profondément enfouie soit-elle, savait que l’inaction ne ferait qu’alimenter ce qui la rongeait. La Chouette inspira profondément. Elle sentit la lourdeur du passé qui l’encerclait : les murs semblaient se refermer sur elle, comme si le pensionnat lui-même attendait qu’elle fasse le premier pas, comme s’il la reconnaissait comme s’il se souvenait d’elle, et qu’il attendait d'elle qu’elle vienne y chercher des réponses. Cela faisait des années qu’elle fuyait. Des années à se cacher derrière des murs invisibles, derrière des illusions, derrière cette sécurité illusoire qu'elle avait construite pour elle-même. Mais aujourd’hui, elle n’avait plus le choix. Norma devait affronter ce qui se trouvait derrière la porte, ce qui l’avait toujours suivie, comme une ombre silencieuse. Elle n’allait pas reculer cette fois.
L'Alpha avait marché un long moment sur le domaine qui bordait le pensionnat, se remémorant malgré tout les bons moments de sa scolarité, et qui prenaient certes le visage d'Anthony mais aussi celui des ses anciens compagnons du Cercle des Oiseaux. Leur grotte secrète, leur soirée à lire, déclamer de la poésie, s'animer de grands débats stériles ou simplement à étudier ensemble dans le silence minéral de cette cachette fantastique. C'était comme si l'Alpha invoquait ses souvenirs chaleureux pour les dresser comme une égide face à ses propres angoisses. Face à cette Présence désincarnée qui ne cessait de la suivre, elle et ses compagnons qu'elle n'avait jamais revu dès lors q'elle fut sortie du pensionnat. Ses mocassins s'enfonçaient un peu dans la terre rendue humide par une journée quelque peu maussade, et elle tira sur le col de sa chemise qui dépassait de son chandail démodé sous sa vieille veste en tweed marron. Un frisson inexplicable dévala soudain son échine ; ce n'était pas de la fatigue. Un bruit avait attiré son attention, tandis qu'elle retournait vers l'entrée. La Chouette hésita un instant mais se rendit compte qu'elle ne trouva aucune excuse pour refuser d'avancer. C'est là qu'elle les vit. Un homme silencieux devant le buste austère du directeur Bramford, accompagné d'une petite fille qui courait autour de lui, sautillant d’impatience. Les deux étaient enveloppés dans une aura de normalité qui, pourtant, ne faisait qu'accentuer l’irréalité de la scène.
Norma se figea sur place. Le temps sembla se suspendre. L’homme - cet homme - elle le reconnut instantanément malgré le poids des ans. Colin Faraday. Il avait gardé ce même regard doux et anxieux à la fois, les épaules basses, l'air inexpressif mis à part ses sourcils qui s'animaient de temps à autres d'expressions difficiles à lire. Colin avait toujours été chétif et efflanqué, le plus petit de leur groupe. Ils avaient tout deux été dans l'ombre d'un ami plus flamboyant. Gregory pour Colin, Anthony pour elle. C'était sûrement pour ça qu'ils se connaissaient relativement peu. Et puis il y avait cette petite fille, peut-être l'enfant de Colin mais Norma se refusa à se perdre en conjectures.
Norma resta là, figée. Elle aurait voulu disparaître, se fondre dans l’ombre, faire comme si elle n’avait rien vu. Mais ses pieds semblaient cloués au sol, son corps incapable de se détourner. Est-ce qu’il l’avait attendue, au fond ? Est-ce que c’était là un signe, un hasard ? Non. Ce n’était pas un hasard. C’était trop étrange, trop cohérent avec tout ce qu’elle avait vécu ces derniers temps. Les coïncidences n’existaient pas. Après tout ce qu’elle avait fui, après toutes ces années, la vie l’avait ramenée ici, face à lui, pile au moment où elle en avait le plus besoin. L'Alpha avait cru que ses souvenirs de son ancien ami s'étaient effacés avec le temps, que son nom n'était plus qu'un souvenir éteint par le temps qui les avait séparés. Ses yeux se détournèrent instinctivement vers la petite fille à ses côtés, un enfant qu’elle ne connaissait pas, mais dont l’innocence la frappa immédiatement. Elle devait certainement tout ignorer. Et Norma, à ce moment-là, se sentit comme une intruse dans ce tableau de normalité.
Elle se figea. Colin l’avait vue. Son regard se leva lentement, et elle sentit son propre cœur battre plus fort, comme si le monde s’était arrêté. L’inattendu s'était produit. Colin la regardait, et dans ses yeux, il y avait quelque chose qu’elle n’aurait pas pu définir. Puis, finalement, ce fut Norma qui brisa le silence, d’une voix plus faible qu’elle ne l’aurait voulu.
"F... Faraday ?", la question était bête à pleurer, car elle avait déjà sa réponse. Malgré sa haute stature et son sourire aimable, les grandes mains de Norma tremblaient légèrement, la ramenant à cette époque où elle était une adolescente timide qui ne trouvait sa place nulle part.
Tout ce qu’elle avait enfoui resurgissait. Elle inspira profondément avant de continuer, d’une voix qui trahissait une certaine vulnérabilité. L'Alpha esquissa un pas en arrière, comme si elle était de trop et devait se retirer. Mais elle se souvint pourquoi elle était là, et quel était son but. La Chouette comprit la cruelle occasion qui se trouvait devant elle et qui avait pris les traits de son ancien camarade. Elle aurait voulu dire davantage, mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Il y avait trop à dire, trop de non-dits, trop de temps qui s’était écoulé. Trop de blessures non guéries.
"Est-ce que.... vous vous souvenez de moi ?"
Peut-être, peut-être pas. Peut-être ne voulait-il pas ses souvenir d'elle, et Norma le comprendrait sans problème. Avec cette nouvelle question théorique, la Chouette essayait de laisser une chance à chacun des partis de s'ignorer et de ne pas retourner sous les ailes de la Présence. Mais s'il lui répondait qu'il se souvenait d'elle... s'il ne l'ignorait pas.... alors Norma saurait qu'ils devraient affronter leurs démons et leur peine commune. Elle offrit un sourire distant mais poli à la petite fille qui la regardait avec curiosité, ne sachant trop quoi lui dire tant que son père n'aurait pas ouvert la bouche pour la reconnaître ou l'ignorer. Une partie d'elle se réjouissait de le retrouver, car il lui avait manqué. Mais l'autre, inquiète, craignait que les yeux de la Présence se se braquent rapidement sur eux...
Norma s’arrêta un instant devant la grande porte d’entrée et la fixa longuement, elle qui qui s’était ouverte tant de fois dans le passé. Tout ce qu’elle avait vécu ici, tout ce qu’elle avait renié… elle ne pouvait plus ignorer l’appel. Il y avait trop de souffrance, trop de questions sans réponses, et une partie d’elle, aussi profondément enfouie soit-elle, savait que l’inaction ne ferait qu’alimenter ce qui la rongeait. La Chouette inspira profondément. Elle sentit la lourdeur du passé qui l’encerclait : les murs semblaient se refermer sur elle, comme si le pensionnat lui-même attendait qu’elle fasse le premier pas, comme s’il la reconnaissait comme s’il se souvenait d’elle, et qu’il attendait d'elle qu’elle vienne y chercher des réponses. Cela faisait des années qu’elle fuyait. Des années à se cacher derrière des murs invisibles, derrière des illusions, derrière cette sécurité illusoire qu'elle avait construite pour elle-même. Mais aujourd’hui, elle n’avait plus le choix. Norma devait affronter ce qui se trouvait derrière la porte, ce qui l’avait toujours suivie, comme une ombre silencieuse. Elle n’allait pas reculer cette fois.
L'Alpha avait marché un long moment sur le domaine qui bordait le pensionnat, se remémorant malgré tout les bons moments de sa scolarité, et qui prenaient certes le visage d'Anthony mais aussi celui des ses anciens compagnons du Cercle des Oiseaux. Leur grotte secrète, leur soirée à lire, déclamer de la poésie, s'animer de grands débats stériles ou simplement à étudier ensemble dans le silence minéral de cette cachette fantastique. C'était comme si l'Alpha invoquait ses souvenirs chaleureux pour les dresser comme une égide face à ses propres angoisses. Face à cette Présence désincarnée qui ne cessait de la suivre, elle et ses compagnons qu'elle n'avait jamais revu dès lors q'elle fut sortie du pensionnat. Ses mocassins s'enfonçaient un peu dans la terre rendue humide par une journée quelque peu maussade, et elle tira sur le col de sa chemise qui dépassait de son chandail démodé sous sa vieille veste en tweed marron. Un frisson inexplicable dévala soudain son échine ; ce n'était pas de la fatigue. Un bruit avait attiré son attention, tandis qu'elle retournait vers l'entrée. La Chouette hésita un instant mais se rendit compte qu'elle ne trouva aucune excuse pour refuser d'avancer. C'est là qu'elle les vit. Un homme silencieux devant le buste austère du directeur Bramford, accompagné d'une petite fille qui courait autour de lui, sautillant d’impatience. Les deux étaient enveloppés dans une aura de normalité qui, pourtant, ne faisait qu'accentuer l’irréalité de la scène.
Norma se figea sur place. Le temps sembla se suspendre. L’homme - cet homme - elle le reconnut instantanément malgré le poids des ans. Colin Faraday. Il avait gardé ce même regard doux et anxieux à la fois, les épaules basses, l'air inexpressif mis à part ses sourcils qui s'animaient de temps à autres d'expressions difficiles à lire. Colin avait toujours été chétif et efflanqué, le plus petit de leur groupe. Ils avaient tout deux été dans l'ombre d'un ami plus flamboyant. Gregory pour Colin, Anthony pour elle. C'était sûrement pour ça qu'ils se connaissaient relativement peu. Et puis il y avait cette petite fille, peut-être l'enfant de Colin mais Norma se refusa à se perdre en conjectures.
Norma resta là, figée. Elle aurait voulu disparaître, se fondre dans l’ombre, faire comme si elle n’avait rien vu. Mais ses pieds semblaient cloués au sol, son corps incapable de se détourner. Est-ce qu’il l’avait attendue, au fond ? Est-ce que c’était là un signe, un hasard ? Non. Ce n’était pas un hasard. C’était trop étrange, trop cohérent avec tout ce qu’elle avait vécu ces derniers temps. Les coïncidences n’existaient pas. Après tout ce qu’elle avait fui, après toutes ces années, la vie l’avait ramenée ici, face à lui, pile au moment où elle en avait le plus besoin. L'Alpha avait cru que ses souvenirs de son ancien ami s'étaient effacés avec le temps, que son nom n'était plus qu'un souvenir éteint par le temps qui les avait séparés. Ses yeux se détournèrent instinctivement vers la petite fille à ses côtés, un enfant qu’elle ne connaissait pas, mais dont l’innocence la frappa immédiatement. Elle devait certainement tout ignorer. Et Norma, à ce moment-là, se sentit comme une intruse dans ce tableau de normalité.
Elle se figea. Colin l’avait vue. Son regard se leva lentement, et elle sentit son propre cœur battre plus fort, comme si le monde s’était arrêté. L’inattendu s'était produit. Colin la regardait, et dans ses yeux, il y avait quelque chose qu’elle n’aurait pas pu définir. Puis, finalement, ce fut Norma qui brisa le silence, d’une voix plus faible qu’elle ne l’aurait voulu.
"F... Faraday ?", la question était bête à pleurer, car elle avait déjà sa réponse. Malgré sa haute stature et son sourire aimable, les grandes mains de Norma tremblaient légèrement, la ramenant à cette époque où elle était une adolescente timide qui ne trouvait sa place nulle part.
Tout ce qu’elle avait enfoui resurgissait. Elle inspira profondément avant de continuer, d’une voix qui trahissait une certaine vulnérabilité. L'Alpha esquissa un pas en arrière, comme si elle était de trop et devait se retirer. Mais elle se souvint pourquoi elle était là, et quel était son but. La Chouette comprit la cruelle occasion qui se trouvait devant elle et qui avait pris les traits de son ancien camarade. Elle aurait voulu dire davantage, mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Il y avait trop à dire, trop de non-dits, trop de temps qui s’était écoulé. Trop de blessures non guéries.
"Est-ce que.... vous vous souvenez de moi ?"
Peut-être, peut-être pas. Peut-être ne voulait-il pas ses souvenir d'elle, et Norma le comprendrait sans problème. Avec cette nouvelle question théorique, la Chouette essayait de laisser une chance à chacun des partis de s'ignorer et de ne pas retourner sous les ailes de la Présence. Mais s'il lui répondait qu'il se souvenait d'elle... s'il ne l'ignorait pas.... alors Norma saurait qu'ils devraient affronter leurs démons et leur peine commune. Elle offrit un sourire distant mais poli à la petite fille qui la regardait avec curiosité, ne sachant trop quoi lui dire tant que son père n'aurait pas ouvert la bouche pour la reconnaître ou l'ignorer. Une partie d'elle se réjouissait de le retrouver, car il lui avait manqué. Mais l'autre, inquiète, craignait que les yeux de la Présence se se braquent rapidement sur eux...
- Messages : 219
Age : 41 ans.
Anima : Chouette Harfang.
Second genre : Alpha.
Odeur : Résine de pin.
Occupation : Enseignante-chercheuse en Histoire Ancienne à l'université Miskatonic et comtesse de Kingston.
Classe sociale : Upper Class.
Thème : Jane ● It's a fine day ♫
Dispo rp : 0/4 (indispo).
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